A Lyon, tout le monde le sait, le vert, c’est la couleur du rival historique : l’AS Saint-Étienne. C’est une rivalité qui est inscrite dans les cœurs, les chants, et même dans les placards des amoureux de l’Olympique Lyonnais.
Alors, imaginez ma surprise — et je sais que je ne suis pas le seul à l’avoir noté — quand j’ai vu Michele Kang, présidente de l’OL féminin, lors de la prolongation de contrat de la légendaire capitaine, Wendie Renard, habillée… en vert ! Oui, vert, cette couleur honnie à Lyon. On parle de ce vert-là, celui que beaucoup d’entre nous refusent de porter, même pour sortir acheter du pain ! Et pourtant, là, sur la scène, ce symbole s’est glissé, comme si de rien n’était.
"Ce n’est qu’une robe", "ce n’est pas si grave", diront certains. Mais à Lyon, tout supporter sait qu'une robe verte n'est jamais "juste" une robe, et qu'il n'existe aucun détail insignifiant quand il s'agit de cette couleur. Ce n’est pas une question de beaufitude ou de rancœur gratuite envers Saint-Étienne. C’est une question de respect des détails qui façonnent notre culture sportive.
Je me souviens encore d’une anecdote qui en dit long sur cette question de respect des symboles : Bernard Lacombe, légende vivante de l’OL, n’a jamais caché son aversion pour le vert. Un jour, je l’ai vu reprendre sèchement une stagiaire à l’entraînement pour avoir osé venir… en tenue verte ! Un simple stage, et pourtant, le message était clair : à Lyon, il y a des couleurs qu’on ne porte pas. Et tant pis si Bernard a lui-même joué une saison à Saint-Etienne !
Et je me pose donc la question : ne sommes-nous pas en train de laisser filer un peu de cette identité, de ce respect pour notre histoire ? Peut-être que pour certains, ça n’a aucune importance. Pas pour moi ni pour de nombreux supporters. Ce n’est pas un hasard si des milliers de Lyonnais n’ont aucun vêtement vert dans leur garde-robe.
La rivalité entre l’Olympique Lyonnais et l’AS Saint-Étienne n’est pas juste une querelle de voisinage. C’est une tradition. Une passion qui se transmet de génération en génération. Et qui passe par des petits gestes, des détails qui, pour nous, ont du sens.
Mais attention, aimer le derby, ce n’est pas cautionner les tensions ou la violence qui peuvent malheureusement parfois en découler. Le vrai esprit du derby, c’est le chambrage, la fierté et l’envie de se démarquer, de gagner, pas de se battre. La rivalité, c’est ce qui nous unit Lyonnais et Stéphanois dans notre passion. Car le vert, à Lyon, c’est une couleur qu’on respecte… en la laissant aux rivaux de Saint-Étienne.
Bien sûr, tout le monde ne partage pas cette vision. "Tout ça pour une robe ?" diront-ils. Ils ont peut-être raison. D'ailleurs cet édito lui-même n’a rien de grave. Le retour du derby nous fait parfois perdre la tête.