Le 9 juin 1961, le Roi Pelé avait joué à Gerland avec Santos, large vainqueur de l’OL (6-2). Serge Marvalin était ramasseur de balles. Il n’a presque rien oublié :
« J’avais 10 ans et demi à l’époque, c’est un super souvenir enfoui qui remonte à surface. A l’époque, je jouais en équipes de jeunes à l’OL, j’ai notamment évolué avec Raymond Domenech et Robert Valette. A cette période, il fallait « gagner sa place » pour avoir le droit d’être ramasseurs de balles les jours de matchs. Les entraîneurs nous avaient prévenus qu’il allait y avoir un match extraordinaire contre une grande équipe brésilienne et qu’il allait falloir se bouger si on voulait être ramasseurs. A l’époque, les médias n’étaient pas omniprésents comme aujourd’hui et le club de Santos ne me parlait pas. En revanche, je connaissais Pelé car j’avais vécu sa victoire à la coupe du Monde 1958 à la radio, car nous n’avions pas la télé. Je me rappelle qu’il était déjà considéré comme un phénomène.
Arrive le jour du match, je me positionne comme j’en avais l’habitude derrière le but du côté de l’horloge, au pied du virage Nord du stade de Gerland. L’entrée des joueurs s’effectuait alors de ce côté-là, sous la grande arche. Les images sont floues dans ma mémoire mais je me souviens de la sortie des vestiaires de Pelé avec ses grandes dents blanches et son immense sourire. Celui-ci m’avait marqué car il souriait tout le temps ! A la mi-temps, on avait le droit de pénétrer sur la pelouse pour raccompagner les joueurs aux vestiaires en leur tenant la main. Un essaim de gosses s’était alors jeté sur Pelé, j’avais été devancé par deux camarades mais j’étais juste derrière eux. On le regardait tous avec une admiration féroce.
Sur le terrain, je me rappelle de quelqu’un de beau à voir jouer, on avait l’impression que tout était facile pour lui. Il m’avait marqué en réussissant un dribble extraordinaire avec le talon, j’avais trouvé le geste phénoménal. Mon père était présent dans les tribunes et m’avait rapporté que l’ambiance avait été géante. L’OL avait perdu mais les gens étaient ravis d’avoir vu une grande équipe et un grand match. Pelé avait marqué deux buts dont un du milieu de terrain mais, pour être franc, je n’ai pas vu le ballon partir ! D’un coup, j’avais vu le ballon dans la lucarne ! A l’époque, il n'y avait pas de replay…Mais le but du milieu de terrain qu’a marqué Fekir contre Bordeaux en 2017 a fait office de déclic à ma mémoire pour faire remonter dans mes souvenirs ce but de Pelé, on n'en voit pas des tonnes des buts comme ça ! (Il semblerait qu'en fait ce but ait été marqué par le dénommé Pepe et non pas par Pelé, Ndlr).
Pelé avait été remplacé en seconde période et il était parti directement aux vestiaires en passant devant moi, j’aI eu l’impression qu’il m’avait fait un petit coucou et un petit clin d’œil ! A la fin du match, on avait essayé de se faufiler mais nos éducateurs nous avaient dit que cela n’était pas possible.
A posteriori, je me dis que c’est fou. Mais j’étais déjà très fier à l’époque, je savais déjà que c’était une grande chance. Aujourd’hui, quand je raconte à mes petits-enfants que j’ai été ramasseur de balles de Pelé et qu’il est passé à côté de moi, le plus petit (8 ans) ne me croit pas ! Le plus grand (10 ans) me dit que j’ai beaucoup de chance. Lui voudrait être ramasseur de balle de Mbappé. Mais il me casse les pieds car je suis supporter de l’OL ! »
Propos recueillis par Julien Huët (crédit photo @OL_Histoire)